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Un pape jésuite: une mise au point du P. Salembier sj.

13 mars 2013 Article
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Note biographique sur la vie jésuite du pape François.

Cette note ne prétend pas être une biographie du pape François mais une mise au point concernant son passé jésuite, pour corriger les informations livrées par divers magazines dont, notamment, celle de « La Vie ».

Ce magazine relatait ainsi la situation du P. J.M. Bergoglio de la fin de son provincialat à sa nomination d’évêque auxiliaire de Buenos Aires :
« En 1979, il ( J.M. Bergoglio) est mis au placard par le chef des jésuites, Pedro Arrupe, pour n’avoir pas été assez solidaire dans le bras de fer qui oppose la Compagnie de Jésus à Jean-Paul II . La traversée du désert durera 12 longues années d’anonymat. Reclus dans des couvents, Bergoglio se tait, se contentant de dire la messe et de confesser. Jusqu’au jour où le pape le nomme évêque de Buenos Aires, en 1992. » (La Vie du 13 mars 2013)

Ces affirmations n’ont rien à voir avec la réalité.

M’étant renseigné sur le passé jésuite du pape François, voici brièvement résumé comment il me semble honnête de relater les faits.

Jorge Mario Bergoglio, issu d’une famille de modestes immigrés italiens, arrivée en Argentine en 1936.
Il est entré au noviciat des jésuites le 11 mars 1958. Il est alors âgé d’à peine 22 ans.
Il suit alors toutes les étapes de la formation qui l’amèneront à être ordonné prêtre le 13 décembre 1969.
De 1971 à 1973 il est Vice-recteur de la maison, maître des novices et Professeur de théologie; puis, en 1973, le P. Arrupe, alors supérieur général de jésuites, le nomme Provincial d’Argentine, c'est-à-dire responsable de tous les jésuites résidant dans ce pays.
A ce titre, il participe, en 1974, à la Congrégation générale des jésuites qui, dans l’atmosphère des réorientations de l’Eglise, consécutives à Vatican II, reformulera ainsi la mission de la Compagnie : « La mission de la Compagnie de Jésus, aujourd’hui, est le service de la foi dont la promotion de la justice constitue une exigence absolue… ».
Cette reformulation s’inscrivait dans le mouvement de Vatican II, souvent exprimé en termes d’« option préférentielle pour les pauvres ».
A son retour de la congrégation générale, le P J.M. Bergoglio se retrouva chargé de la mise en œuvre de cette réorientation de la mission de la Compagnie de Jésus dans sa province. Cela a suscité de fortes tensions entre ceux qui étaient acquis aux idées de la théologie de la libération et voulaient œuvrer dans des « communautés de base », en milieu populaire, et ceux qui estimaient que la Compagnie se renierait en abandonnant ses ministères et ses institutions traditionnels tels que ses collèges qui s’adressaient le plus souvent à la classe aisée du pays.
Ces tensions prirent un tour dramatique à partir du coup d’Etat du général Videla, en 1976. Celui-ci établit une dictature qui se targuait de défendre l’Eglise catholique en garantissant l’ordre social contre les groupes qualifiés de « révolutionnaires » agissant dans le pays. Ce régime fit une chasse impitoyable aux révolutionnaires auxquels étaient assimilés les prêtres et religieux insérés dans les milieux populaires.
Quelques uns d’entre eux étaient jésuites dont le P. Franz Jalics et le P. Orlando Yorio. Avant leur enlèvement par la junte militaire le P. Bergoglio leur avait enjoint de quitter leur bidonville. Cet ordre visait à protéger les deux jésuites mais il fut interprété par certains comme un ralliement du P. Bergoglio au parti de l’ordre instauré par la dictature.
C’est dans ce contexte d’extrême tension que s’est achevé le mandat de provincial du P. J.M. Bergoglio.

Contrairement, donc, à ce qu’affirmait le magazine « La Vie », le P. Bergoglio n’a pas été mis « au placard ».
Le Père Arrupe l’a maintenu à son poste jusqu’au terme de son mandat en 1979. Bien loin de le « mettre dans un placard », il lui confie la charge de recteur de la faculté jésuite de théologie à Buenos Aires, un poste important que le P. J.M. Bergoglio assurera pendant le mandat normal de 6 ans, jusqu’en 1985.
Au cours de cette période prit fin le régime de la dictature, en 1981.
C’est aussi cette année que le Père Arrupe se trouva dans l’incapacité de poursuivre sa tâche de supérieur général de la Compagnie. Il fut remplacé, - après l’intérim, d’un délégué personnel désigné par Jean-Paul II - par le P. Peter Hans Kolvenbach, élu à la tête de la compagnie de Jésus au cours de la 33ème congrégation générale, en 1983.
Au terme de ce mandat de recteur de la faculté de théologie, comme la situation de la Province d’Argentine continuait de vivre dans un climat de grande tension, le P. Kolvenbach demanda au P. Bergoglio de quitter l’Argentine pour un temps sabbatique.
Le P. Bergoglio mit à profit son temps sabbatique pour étudier la théologie en Allemagne.
Il revint l’année suivante, en 1986, à Buenos Aires où il fut nommé au comité de rédaction d’une revue de spiritualité, tout en étant membre de la résidence des jésuites, d’abord de Buenos Aires, puis de Córdoba. Attaché à l’église des jésuites de ces deux résidences, il recevait pour confessions et accompagnements spirituels, selon le ministère traditionnel des jésuites.
C’est pendant cette période, de 1986 à 1992 que le P. J.M. Bergoglio s’est acquis un grand crédit auprès du clergé de Buenos Aires, manifestant notamment son soutien aux prêtres qui étaient les plus exposés par leur insertion dans des favelas.
C’est aussi, sans doute, ce qui le fit remarquer du nonce apostolique de Buenos Aires. Il fut alors nommé par Jean-Paul II, le 22 juin 1992, évêque auxiliaire de Buenos Aires puis, le 27 juin 1997 évêque de Buenos Aires.

Nous entrons alors dans une autre période de la vie du P. J.M. Bergoglio car, lorsqu’il est nommé évêque, un religieux n’est plus sous l’autorité de ses supérieurs religieux.

9 mai 2013, Pierre Salembier sj




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